[ r é s u m é ]
COMPTE-RENDUS DU W–E DE RENCONTRES INTER-COMITES du 15-16 DECEMBRE
300 personnes, venant de plus de 75 départements différents se sont retrouvées le week-end du 15-16 décembre à Notre-Dame-des-Landes, deux mois exactement après le début de l’opération César. Plus de 150 groupes locaux y étaient présents (et depuis, de nombreux autres ont continué à se créer…)
Samedi 15 matin : Présentation des comités
Le temps imparti pour les présentations n’autorisait pas la totalité des comités à se présenter, faute de temps et par crainte des redondances. L’assemblée a donc commencé par se diviser en groupes regroupant les comités par région, le temps d’élaborer une présentation commune.
Plusieurs personnes ont parlé de la lutte contre l’aéroport comme le ressurgissement de la possibilité d’une victoire; qu’il fallait concentrer l’enérgie sur cette victoire possible pour qu’elle contamine les autres luttes existantes. D’où pour certain-e-s la nécessité d’établir une plate-forme pour rassembler ce qui pourrait en être les conditions. La plate-forme pourrait traçer les grandes lignes du mouvement à partir de ses points de force et de la composition qui fait sa richesse, et prolonger la logistique pour renforcer la force matérielle de la lutte.
La matinée s’est clôturée sur un rappel du programme et une intervention à propos de la repression, des blessé-e-s et des personnes actuellement en prison. Au cours de la matinée, la question de faire face collectivement à la répression (blessé-e-s, arrestations, emprisonnements, interdiction de territoire, multiplication des gardes à vue) a été évoquée.
Samedi midi :
Une partie de l’assemblée a répondu à l’appel d’un pique-nique festif et offensif au carrefour des Fosses noires et du chemin de Suez : la présence de tou-te-s ces pique-niqueur-euses avait pour but de permettre à une construction en kit de traverser le carrefour. La police a bloqué le tracteur qui transportait le matériel une première fois à Notre-Dame-des-Landes. De nombreuses personnes des comités locaux sont sorties de la salle de réunion et ont permis au matériel de passer. Plus loin sur le parcours, les flics ont finalement laissé passer de nouveau les tracteurs avec le matériel, après avoir déversé leurs lacrymos sur le pique-nique. Finalement, les éléments pour construire une crèche sont arrivés à la Chataigne !
Samedi après-midi : Discussions en 4 commissions
Commission 4 : charte et outils de coordination des comités locaux
— – >Discussion sur une proposition de charte / plate-forme des comités locaux :
Une discussion de fond a eu lieu sur la pertinence de l’écriture d’une charte des comités locaux et sur son contenu. L’une des inspirations était la charte de 1975 des comités de soutien au Larzac. Une charte / plate-forme aurait pour objectif de dessiner les grands enjeux stratégiques et éthiques propres au mouvement de lutte contre l’aéroport et aux comités locaux : les points de forces, les débats, les points d’accords et points de tensions…
Nous n’étions cependant pas en mesure, lors de cette première rencontre, de décider formellement de la nécessité d’une charte, encore moins d’un texte sur lequel s’accorder; texte qui aurait de toute façon nécessité des allers et retours avec les comités locaux. ..
Cependant certaines bases communes et immédiates sur lesquelles s’accordent les composantes de la lutte sur le terrain ont pu être dessinées :
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retrait des forces de police de la ZAD
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arrêt des expulsions et des destructions de maisons, ainsi que des travaux préliminaires à l’aéroport
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pas d’aménagement du projet et pas de dialogue possible sur cette base-là. Une lutte commune pour le retrait du projet.
Par ailleurs et dans l’idée d’une plate-forme quelques idées fortes ont été mises en avant :
la multiplicité des formes possibles de comités locaux : assemblées, collectifs, regroupements d’individue-s et / ou d’organisations / associations, partis politiques et syndicats…
l’autonomie et la multiplicité possibles des formes d’actions et d’interventions des comités locaux, sans que celles-ci n’aient à se définir autour des questions de violence / non-violence.
le fait que le mouvement de lutte contre l’aéroport soit une composition entre paysan-ne-s, assemblée de lutte et associations, occupant-e-s de la ZAD et comités locaux.
le souhait que cette lutte se relie par le biais des comités locaux à un ensemble d’autres luttes sociales et territoriales.
l’importance à un moment donné de regrouper des énergies autour de la ZAD et de créer un point de cristallisation propre à les faire renoncer au projet d’aéroport.
la nécessité d’une solidarité forte face à la répression avec les inculpé-e-s et incarcéré-e-s de la lutte.
la capacité à développer des solidarités et compositions entre des formes d’organisation, de vie et d’actions diverses et complémentaires.
l’envie de penser dès aujourd’hui les possibilités d’une victoire, de continuer à expérimenter et développer des imaginaires fertiles sur les manières de vivre, habiter et cultiver dans le bocage.
l’attention à un langage et une créativité propre au mouvement qui bouleverse les présupposés idéologiques et ne s’enferme pas dans les vieux cloisonnements militants.
l’importance de partir des forces du mouvement de lutte, de ce qu’il construit d’inédit et pas seulement de ce à quoi il s’oppose.
la manière dont la lutte contre l’aéroport à aussi à voir avec une défense d’un espace riche d’une biodiversité particulière, avec ses ressources en eau, ses haies, ses salamandres et ses oiseaux…
— – > Sur les outils de coordination et communication entre comités locaux :
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Liste de communication :
L’ACIPA et l’assemblée de réoccupation vont étudier la possibilité de mettre en place une liste de communication unique qui serait administrée conjointement. Cette liste serait modérée a posteriori et devra servir aux communications entre les composantes de la lutte sur le terrain et les comités locaux.
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Prochaines rencontres entre comités locaux :
Il a été décidé d’une périodicité plus ou moins trimestrielle, à réévaluer éventuellement en fonction de l’actualité sur la ZAD. La prochaine rencontre aurait lieu autour d’avril / mai, ce qui permettrait de faire le point, au moment où le moratoire de 6 mois sur le défrichage et la commission de dialogue gouvernementale prendait fin (quelques mois avant les grandes rencontres d’été).
Commission 3 : actions décentralisées
Il est évoqué que ce qui constitue notre force est d’être un « mouvement » d’opposition à l’aéroport dit du grand ouest. En cela, il ne paraît pas possible ni souhaitable d’avoir une quelconque maitrise sur les actions qui font partie de ce mouvement.
La cinquantaine de personnes présentes s’accordent sur trois catégories d’actions décentralisées à discuter :
> les actions « ordinaires » à l’initiative de chaque comité
> les réactions ailleurs en cas d’expulsion
> les actions coordonnées :
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18/19 janvier : journées d’actions contre Vinci.
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des marches en cours ou en préparation depuis Nice et Lille
Commission 1 : implication des comités locaux sur la ZAD
— – > Relais sur la châtaigne :
Différents modules – cantine, atelier, dortoirs, bloc sanitaire, salle de réunion, crèche, no-taverne- se sont finalisés à la Chateigne à partir de la manifestation du 17 novembre et dans les semaines qui ont suivi pour constituer un espace d’organisation de la lutte. Il ne s’agit pas d’en faire un lieu d’habitation permanent lié à un groupe particulier de personnes mais un espace public et ouvert.
L’utilisation et le sens de cet espace devrait aussi être l’affaire des comités locaux, et on a discuté de comment pourrait se passer cette participation :
En se relayant sur le lieu réoccupé pour un week-end, une semaine, un temps donné afin d’y proposer des projets, ateliers, discussions, cantines, actions… L’idée de ces relais est aussi de participer à la vie de l’espace de la Chateigne, et de permettre aux collectifs d’agir ensemble ailleurs que chez elleux.
L’adresse zad.presidio@riseup.net est créée pour organiser le relais de groupes / comités sur la chataigne
— – > Constructions :
Il a été souligné l’importance de la construction, de continuer à construire pour que la zone soit encore plus vivante et habitée qu’avant s’ils reviennent nous expulser. D’autant qu’il est possible qu’une trêve des expulsions survienne pendant la période de la commission de dialogue. Un certain nombre de comités ont envie de construire et ont annoncé préparer des cabanes ou autres constructions qui pourraient être transportées à la Châtaigne ou ailleurs sur la ZAD.
Il a été rappelé qu’il ne fallait pas concentrer l’attention et les constructions uniquement à la Châtaigne, et qu’il y a beaucoup d’autres lieux à aider et défendre. Il a aussi été dit de faire attention à ne pas construire n’importe où, n’importe comment. Importance de savoir où, pourquoi, pour qui, on construit, d’en discuter avec les habitant-e-s qui résistent et paysan-ne-s.
Quelques idées ont été évoquées, sans suite pour l’instant : idée d’une journée de construction coordonnée entre tous les comités, idée de jumelages entre les comités de soutien et d’autres lieux sur la ZAD ,…
— – > Ravitaillement :
Liste de matériel recherché : sur le site de la ZAD et tente d’être à jour régulièrement, elle peut varier rapidement.
Lieu de dépôt des ravitaillements : champ hors contrôle (sur la D81), hangar à Montjean (sur la route entre NDDL et Grandchamps des Fontaines) .
Pour être tenu au courant des contrôles et difficultés sur la zone, il est recommandé de passer d’abord au point d’info tenu quotidiennement dans le bourg de Notre Dame des Landes, (tous les jours de 10h à 17h, local en face de la Mairie), ou de consulter le site zad.nadir.org, ou d’écouter RadioKlaxon (107.7)
Des points de ravitaillement-relais ont commencés à se mettre en place dans différentes villes,(Dijon, Rouen, Lozère….) ; il pourrait être intéressant de mettre ces lieux sur le site internet, pour que les gens qui passent par là quand illes vont sur la ZAD y récupèrent du matériel à apporter.
Commission 2 : actions à venir sur la ZAD
— -> Une manif à Nantes en cas d’expulsion (idée qui est déjà appelée).
— -> Manif de remise en culture , au printemps, dans le but de remettre en culture des terres collectivement, à très nombreux-ses, sur le modèle du 17 novembre. Cette idée est discutée notamment au sein d’une AG qui s’organise ici avec des paysan-ne-s et des gens qui habitent la zone. L’idée est de mettre en lien cette AG avec les comités locaux, pour que ce projet puisse être discuté partout. Un appel à venir s’installer pour cultiver des terres sur la ZAD, faire des jardins collectifs, devrait être lancé.
Dimanche matin :
L’objectif du dimanche était de prendre un temps d’échange pour avoir une vision plus affinée de la situation, échanger des préoccupations, des points de vue stratégiques.
Présentation de divers groupes :
ACIPA : c’est une association lancée en 2000, au moment de la relance du projet d’aéroport. Le fonctionnement est associatif, avec une coprésidence de 3 personnes et plus de 4000 adhérent-e-s. Le premier travail de l’ACIPA a été de se hausser au niveau « d’experts citoyens » pour démontrer l’inutilité du projet et mettre en contradiction les porteurs du projet. Elle a fait un vaste boulot d’info, auprès des citoyen-ne-s et des élu-e-s. C’est une base logistique, de soutien sur le terrain et d’infos techniques.
LA COORDINATION : elle est née en 2003 de la réflexion de 4 associations travaillant conjointement : L’ADECA, Solidarités-Ecologie, Bien Vivre à Vigneux et l’ACIPA. Elle rassemble à ce jour 45 organisations diverses.
LE MOUVEMENT D’OCCUPATION : les personnes précisent qu’elles parlent depuis le mouvement d’occupation et non pas au nom de ce mouvement. Parce que justement, c’est un mouvement qui bouge, qui est multiple, avec des contradictions. La lutte y est contre l’aéroport et son monde. Il se situe dans un mouvement plus large d’actions directes, sans médiation, d’auto-organisation.
LES HABITANTS QUI RÉSISTENT : ils-elles sont des habitant-e-s de la zone qui résistent, qui refusent de partir et affirment qu’il n’y a pas de compromis possible.
LE CéDpa : c’est le « collectif des élus qui doutent de la pertinence du projet d’aéroport ». Qui « doutent » pour ne pas freiner les adhésions. Il y a plus de 1000 adhérents. Leur action se situe en partie sur le terrain de la justice, parce que le projet pourrait être cassé par le rapport de force, mais aussi par une décision de justice.
LES PILOTES DOUTANT DU PROJET : ils se sont regroupés voici 4 ou 5 ans, ils ne sont pas encartés. Ils apportent un argumentaire très technique, avec des chiffres, des données, pour contrer le discours des porteurs du projet sur les questions qui touchent à l’aéroport actuel de Bouguenais.
LE COMITÉ ANTI-RÉPRESSION : comme à chaque fois qu’un mouvement social prend de l’ampleur, il s’affronte à la répression. Ce collectif s’est donc monté il y a un an pour suivre les inculpations.
L’AFFLUX SUR LE TERRAIN : il s’agit de toutes les personnes qui arrivent sur le terrain mais qui n’habitent pas là. C’est impossible de parler « au nom de ». Ce sont des gens qui sont dans la lutte contre l’aménagement du territoire et qui viennent défendre cet endroit, qui s’organisent pour qu’ici ça puisse tenir.
LE CNCA (comité nantais contre l’aéroport) : il s’est constitué voici 3 ans avec pour objectif principal de porter cette lutte à Nantes où elle existait très peu. Ce groupe agit plus largement autour des problématiques d’urbanisme et de métropole.
Le COPAIN (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport) : en juin 2012 se constitue le COPAIN, qui rassemble la Conf, les structures de vente directe, le GAB, Accueil Paysan, Terroirs 44, le CIVAM, les producteurs bio…
L’ADECA : c’est « l’Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport » C’est le premier groupe à s’être organisé, en 73. Il rassemble les exploitantEs de la zone. Ils-elles ont mené une lutte pour pouvoir continuer à cultiver des terres, installer des jeunes, etc…
> LE DÉBAT
Globalement il a été beaucoup discuté de la place de cette lutte dans les processus de métropolisation, d’urbanisation, d’aménagement du territoire qui sont à l’oeuvre partout. Des luttes s’y opposent dans plein d’endroits. Il y a une importance forte à relier ce qui se passe ici et ce qui se passe ailleurs.
La nécessité de liens et de convergences entre cette lutte et d’autres est évidente, que l’on puisse se renforcer mutuellement. La lutte contre cet aéroport est particulière par son ampleur, par sa détermination, par les liens qui s’y tissent, par ce qui s’y partage entre des gens et des mondes différents. Une victoire renforcera d’autres batailles : lutter ici, c’est expérimenter comment on peut gagner. On a une opportunité de mettre en avant des problématiques et de pratiquer des alternatives. Ont été citées la question de la décroissance, de la destruction des terres agricoles, du scientisme, des flux d’argent public vers le privé. Certain-e-s voulaient mettre en avant des contre-projets, des propositions pour la zone, pour après. D’autres répondaient que le contre-projet existe déjà, qu’il se construit tous les jours. Le devenir de la zone après avoir gagné a été évoqué, plus comme des questions à se poser que comme des affirmations fortes. Avec quand même cette réticence « attention que ceux qui ont le cul entre 2 chaises ne tirent pas trop la couverture à eux en cas de victoire » .
LES PROCHAINES GRANDES DATES
En cas d’attaque :
- Occupation des lieux de pouvoir dans les 48h suivant une expulsion de la Chateigne
- Grande manif à Nantes en cas d’opération d’expulsion et/ou destruction sur la zone.
Agenda general :
- 18 et 19 janvier : journées d’actions contre Vinci (plus d’infos sur Vinci et ses filiales : http://stopvinci.noblogs.org/).
- 9 février 2013 : arrivée des marches de Nice et Lille à NDDL
- Printemps : grande manif de remise en culture des terres expropriées.
- 11 mai : grande chaîne humaine pour entourer la zad.
- Weekend du 4 août : grand rassemblement de l’ACIPA et de la Coordination.
Résumé des infos pratiques
DE LOIN
Site : Zadistes : zad.nadir.org – ACIPA : acipa.free.fr – CéDPA : aeroportnddl.fr
Mail : ZAD : zad@riseup.net – ACIPA : acipa.info@free.fr – Pour participer au relais de la Chateigne : zad.presidio@riseup.net
La liste de matériel utile à amener : zad.nadir.org/spip.php?article515
SUR PLACE
> point info :
- à Notre Dame des Landes : local à droite de la mairie, tous les jours de 10h à 17h.
- au le camp « hors contrôle » : sur la D81, à proximité du lieu dit La Rollandière.
> pour apporter du matériel :
- champs « hors contrôle »– dans la ZAD, sur la D 81.
- hangar de Montjean – hors ZAD, sur la route entre NDL et Grandchamps des Fontaines.